Aramys

Copilot+ PCs : l’Arm est-il enfin prêt pour les entreprises ?

La date fatidique approche : Windows 10 tirera officiellement sa révérence le mois prochain.

 

Derrière ce couperet, Microsoft joue une carte stratégique cruciale : pousser les utilisateurs vers une nouvelle génération de machines estampillées Copilot+ PC, souvent motorisées par des processeurs Arm et des NPUs (Neural Processing Units). Ces dernières promettent une autonomie record et des fonctionnalités IA intégrées.

 

Mais dans l’esprit des DSI c, une question domine à juste titre : la compatibilité logicielle.

 

Car jusqu’à récemment, Windows on Arm n’était pas franchement un succès d’estime.

 

Performances en retrait, émulation poussive et surtout un désert applicatif : peu d’éditeurs prenaient la peine d’optimiser leurs solutions.

 

L’utilisateur final avait l’impression de retrouver l’angoisse des « années Netbook », coincé avec un joli matériel et des logiciels pas toujours au rendez-vous.

 

2024 : le renversement de tendance

Avec le lancement des Copilot+ PCs, le discours a changé. Microsoft affirme que 90 % du temps d’utilisation sur ces machines est désormais passé dans des applications nativement compilées pour Arm. Derrière ce chiffre, on trouve un effort concret : les éditeurs semblent avoir franchi le pas, motivés par les perspectives de marché et la poussée de l’IA locale.

 

Le blog officiel de Redmond égrène des exemples par catégories :

 

  • Sécurité : 1Password, Bitwarden, Malwarebytes ou encore Cisco Secure Endpoint
  • VPN : ProtonVPN, ExpressVPN, Surfshark
  • Outils de gestion : VMware Tools, Intune, Citrix Workspace
  • Productivité : Google Drive, Trello, Slack, Microsoft 365
  • Création : Adobe Creative Cloud, Blender, Davinci Resolve
  • Divertissement : Netflix, Spotify, WhatsApp, Apple TV, Chrome

 

Autrement dit : la plupart des grands noms qui rythment la vie numérique d’une entreprise comme d’un particulier.

 

L’écosystème Arm : maturité ou simple vernis marketing ?

 

Il serait naïf de croire que tout est réglé. Les DSI qui ont déjà tenté une migration le savent : une compatibilité annoncée n’est pas forcément une compatibilité opérationnelle. Certaines applications métier, souvent critiques et héritées, restent très loin d’un portage natif. L’émulation x86 reste disponible, certes plus performante qu’avant, mais elle introduit un risque de latence ou d’incompatibilité qu’aucun comité de pilotage ne prendra à la légère.

 

Autre sujet sensible : l’écosystème des périphériques. Si l’on parle beaucoup d’applications, la compatibilité des pilotes (imprimantes, scanners, solutions de sécurité réseau spécifiques) est encore un angle mort. Dans un environnement professionnel, cela peut suffire à bloquer un déploiement massif.

 

Microsoft, Arm et l’effet « fin de support »

On l’aura compris, la fin du support de Windows 10 n’est pas seulement une bascule technique, c’est aussi un formidable levier marketing. En orchestrant la rareté (plus de mises à jour, donc un risque accru en cybersécurité), Microsoft pousse mécaniquement les entreprises à ouvrir le portefeuille. Et ce portefeuille, il aimerait bien le voir se tourner vers ses nouvelles plateformes Arm.

 

Pour accompagner le mouvement, Microsoft met en avant des outils comme worksonwoa.com, sorte de « Shazam des applications compatibles Arm ». Utile, mais révélateur : si l’on a besoin d’un site tiers pour vérifier avant achat, c’est que la confiance n’est pas encore totale.

 

Ce que les DSI doivent retenir

  • Oui, l’écosystème Arm progresse .
  • Oui, les Copilot+ PCs offrent un rapport autonomie/performances séduisant.
  • Mais non, l’équation n’est pas résolue pour tous les environnements. Avant tout projet de migration, un audit précis des applications critiques reste indispensable.

 

En somme, Microsoft veut faire croire que Windows sur Arm est enfin « prêt pour le prime time ». C’est peut-être vrai pour les particuliers et une grande partie des usages bureautiques. Pour les entreprises, c’est encore une autre histoire : celle de la compatibilité, de la gouvernance IT et du rapport coût/risque. Nous y reviendrons dans une session du prochain Briefing Calipia.

 

 

 

source : blog.calipia.com

17 novembre 2025
Cybersécurité